Histoires & Contes

La fourberie du singe

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Il était une fois un singe malicieux et un crabe vertueux qui étaient de très bons amis. Un jour, alors qu’ils se promenaient tous les deux, le crabe eut la chance de trouver dans l’herbe une délicieuse boulette de viande qu’il s’empressa de montrer à son compagnon.

Envieux, le singe s’activa à son tour dans l’espoir de tomber lui aussi sur quelque chose. Plus loin, il découvrit une petite graine de goyave. Sa trouvaille le laissa déçu, il aurait bien aimé manger la belle boulette de son ami. Aussi réfléchit-il à une ruse pour s’en emparer.

– Mon bon ami, commença-t-il, ne veux-tu donc pas échanger ta boulette de viande contre ma surprenante graine de courge ? Certes, ta boulette semble succulente, mais quand tu l’auras finie, il ne te restera plus rien, alors que si tu plantes ma graine de goyave, tu te retrouveras avec des fruits à ne plus en savoir quoi faire pour des années !

Après réflexion, le crabe consentit à céder sa boulette de viande au singe, se disant qu’effectivement, il valait mieux avoir de quoi manger pour longtemps. Satisfait de son méfait, le singe ne fit de la boulette qu’une bouchée et se régala.

En rentrant chez lui, le crabe se mit à cueillir la graine dans son jardin et s’appliqua à l’arroser régulièrement tout en a cajolant. Alors qu’il s’en occupait, il feignait parfois d’être menaçant :

– Vite, vite, petite graine ! Fais sortir tes bourgeons. Si tu tardes trop, je te pincerai !

Et la graine de goyave s’exécuta. Le crabe la pressa encore :

– Vive, vite, petite graine. Deviens un bel arbre. Si tu tardes trop, je te pincerai !

À l’arbre, le crabe disait :

– Vite, vite, donne-moi des fruits. Si tu tardes trop, je te pincerai !

Ainsi, en peu de temps, le crabe se retrouva avec de belles goyaves juteuses et sucrées.

Ravi, le crabe pensa qu’il allait enfin pouvoir récolter les fruits de son labeur qui avaient l’air vraiment bons. Il grimpa alors à l’arbre en s’aidant de ses pinces, mais il glissait aussitôt à terre. Il eut beau essayer, mais la chute semblait inévitable.

Le singe passant par-là, fut étonné de voir que son ami avait réussi à cultiver des goyaves. Il eut envie d’en manger et décida une fois de plus d’user de sa malice. Il dit alors au crabe :

– J’ai trouvé et ramassé cette graine. J’ai donc le droit de manger des goyaves.

Sur ces mots, il grimpa habilement au sommet de l’arbre et commença à se goinfrer des meilleurs fruits. Impuissant et demeuré au pied de l’arbre, le crabe implora :

– Je voudrais en manger aussi. Envoie-moi des fruits !

Peu enclin à partager, le singe choisit une goyave encore verte et dure et la lança de toutes ses forces sur le crabe, l’assommant méchamment. Il s’enfuit sans demander son reste, emportant les restes des victuailles. Ayant assisté à la scène, l’abeille s’approcha du malheureux crabe qu’elle réussit non sans peine à ranimer.

– Mon pauvre ami, lui dit-elle. Ce méchant singe s’est bien joué de vous.

À ce moment-là, une châtaigne et un mortier arrivèrent et les interrogèrent sur ce qui s’était passé. D’un commun accord, ils décidèrent qu’il fallait punir le singe et se rendirent à la maison de ce dernier. Comme le singe était absent, ils en profitèrent pour préparer leur piège.

La châtaigne se cacha alors dans le foyer, le crabe installa une bouse de vache sur le pas de la porte puis se dissimula dans un seau d’eau tandis que l’abeille se positionna au-dessus de l’entrée. Pour sa part, le mortier prit place sur le toit. En silence, chacun attendait le retour du singe. À son arrivée, ce dernier grommela :

– Qu’est-ce qu’il fait froid ici ! Brr !

Il s’assit au coin du feu pour se réchauffer, mais la châtaigne brûlante vient se jeter sur lui.

– Aïe ! hurla le singe qui s’empara du baquet pour asperger d’eau sa brûlure.

Quelle ne fut sa surprise de voir le crabe en sortir et le pincer violemment. Tentant de se dégager, il s’enfuit vers la porte, mais se fit piquer par une abeille à la tête.

Fou de douleur, le singe glissa cette fois sur la bouse de vache et s’étala de tout son long avant de se faire aplatir comme une crêpe par le mortier qui attendait son heure. C’est ainsi que les compagnons punirent le singe pour son égoïsme et ses mauvais tours.

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